GESTION des Prélèvements de CHEVREUIL… les 3/3?

Depuis longtemps déjà, lorsqu’il s’agit de gérer au mieux les prélèvements des ongulés (exception faite des Sangliers), la règle des 3/3 s’applique comme une évidence. C’est aux yeux d’une grande majorité, la seule règle possible, apte à donner les meilleurs résultats. Cette règle consiste à prélever 1/3 de mâles, 1/3 de femelles et 1/3 de jeunes (tous sexes confondus). Cela suppose que la nature produit la moitié d’individus mâles et la moitié de femelles, ce qui n’est pas le cas. La nature produit toujours un peu plus de femelles que de mâles qui, chez le Chevreuil  connaissent souvent un taux de mortalité supérieure aux femelles dans leurs premiers mois. Mais bon, pour beaucoup de Chasseurs, cette règle des 3/3 apparaissait comme « LA » règle idéale.

De tous temps, les populations de Chevreuils connaissent des variations de leur population régulière sur divers secteurs. Cette espèce étant relativement fragile, le climat du printemps et de l’été a une forte influence sur le développement de celle-ci. Un printemps extrêmement pluvieux ou à l’inverse trop sec, un été avec une prolifération des mouches, il n’en faut pas plus pour que le Chevreuil connaisse un taux de mortalité important. Devant ces constats, certains ont jugé qu’il fallait mettre en place un plan de gestion beaucoup plus affiné tenant compte des individus reproducteurs de l’espèce.

Un plan visant à privilégier le tir des jeunes à la place des Chevrettes a ainsi vu le jour. Un schéma démontrant les bienfaits de ce plan  basé sur 4 années, a même été largement diffusé. Ce schéma montrait que sur 2 animaux à la fin de l’hiver, le tir des jeunes engendrait une population de 10 animaux au printemps de la 4ème année, alors qu’en cas du tir des Chevrettes, cette population n’était toujours que de 2 animaux avec le risque de disparition du cheptel si l’unique Chevrette était abattue.

 

Il est à noter également que pour valoriser ce plan, les auteurs ont inclus la mortalité naturelle d’un individu dans le 2ème cas, alors qu’il ne l’a pas inclus dans le 1er cas, celui qui préconise le tir des jeunes.

Aussi alléchant qu’il puisse paraître, ce plan ne fonctionne pas dans la nature car il ne prend pas en compte deux paramètres majeurs : le sexe ratio d’une part et le fait qui est peut-être le plus important, la Chevrette n’entre en oestrus que deux jours par an. De ce fait majeur, il est facile à comprendre qu’il faut suffisamment de Brocards pour couvrir les Chevrettes présentes sur le territoire qui, je le souligne, n’interviennent pas seules dans la reproduction. Si j’ose dire, c’est une question d’heures. Voici maintenant deux graphiques qui montrent pour l’un la répartition des prélèvements entre adultes et jeunes, mâles et femelles et pour l’autre, une simple répartition entre mâles et femelles tous âges confondus. J’ai ici supposé que le plan départemental attribuait 50% de Brocards et 50% de Chevrettes comme c’est le cas dans de nombreux départements. et que malgré la préconisation du tir des Jeunes, 10% de Chevrettes avaient été prélevées par erreurs de tir.

En y regardant de plus près, voici ce que cela donne dans le répartition des sexes

 

 

 

 

 

 

Nous voyons bien ici qu’avec de telles règles de gestion, il y a un réel déséquilibre entre mâles et femelles et qu’à terme, cela va inévitablement poser de gros problèmes.

J’ai parfois entendu dire par certains Chasseurs : « c’est pas grave si on tue plus de Boucs, les Chêvres feront plus de mâle l’année prochaine » . Non seulement il faudrait pour cela que le système de reproduction tienne compte du sexe de la population présente sur le territoire, mais qu’en plus, elle anticipe car le rut à lieu de mi-juillet à mi-août et la saison de Chasse débute en septembre. Dommage que nous ne pouvions communiquer avec les Chevreuils car il nous serait sans doute possible d’obtenir les résultat du Loto ou le Tiercé dans l’ordre par avance. S’il vous plait, restons sérieux…

La population de Chevreuils doit impérativement être maintenue dans une densité en rapport au biotope. L’espèce est très territoriale et la capacité en nourriture doit être suffisante pour maintenir la population en état sanitaire optimum. Je le rappelle, le Chevreuil est un animal fragile et une surpopulation mal nourrie peut vite engendrer une épidémie et voir le cheptel s’anéantir très rapidement. Il arrive parfois qu’une trop grande densité de Chevreuils se traduise par une forte dégénérescence de l’espèce. Dans ces cas présents, il faut impérativement réduire les populations. Un prélèvement fortement axé sur les Chevrettes adultes est souhaitable.

Nous constatons bien ici que le but est de réduire le nombre de Chevrettes en âge de reproduire.

A l’opposé, si le biotope est plutôt favorable au développement du Chevreuil, un plan de progression doit être mis en place et ceci reste possible quel que soit le système d’attribution en vigueur dans le département. Il est question ici d’axer les tirs sur les jeunes, mais contrairement au plan qui était proposé auparavant, pas uniquement à la place des Chevrettes, mais de l’ensemble des adultes, en réalisant cette fois des prélèvement sur les femelles.

 

Si on rentre dans le détail du sex-ratio des jeunes, voici ce que cela donne.

 

 

 

 

 

 

  Nous constatons cette fois un sex-ratio bien équilibré en rapport avec ce que produit la nature.

Certains départements ont un plan de gestion avec 50% d’attributions jeunes et 50% d’attributions adultes, tous sexes confondus et cela fonctionne plutôt bien. Sur d’autres secteurs, la recherche du Brocard à tout prix déséquilibre la répartition des prélèvements.

QUELQUES REGLES SIMPLES

Afin de ne pénaliser personne et d’équilibrer les tirs, quelques règles simples peuvent être facilement mises en place en parfait accord avec le mode de vie et de reproduction du Chevreuil.

– le Brocard ne doit être tiré qu’en bois, c’est à dire de l’ouverture en chasse individuelle à début décembre pour les plus tardifs. Il est parfaitement inutile d’aller prélever un Brocard qui n’offrirait pas un trophée  au tireur. Une dérogation pourrait toutefois être accordée au Chasseur qui désirerait faire naturaliser une beau Brocard en velours, mais cela doit rester une exception.

– les Chevrettes ne devraient pas être tirées avant début décembre, après le sevrage complet des jeunes nés en mai.

– les Chevrillards pourraient être tirés dès l’ouverture générale jusqu’à la fermeture.

En fonction des prélèvements de Brocards effectués avant décembre, quelques consignes de tir pourraient (ou non) être données sur le tir des Chevrillards en fonction de leur sexe, ceci afin d’affiner l’équilibre entre les sexes. La différenciation étant plus difficile en fin de saison, ceci amènerait sans doute certains Chasseurs à revoir un peu leur façon de se comporter au poste, afin de tirer des animaux qui vont moins vite. Cela ne comporte que des avantages puisque qu’il diminue d’autant le risque de blessures sur des animaux lancés à pleine vitesse.

En présence d’autres gibiers tels le Sanglier ou le Cerf, le Chevreuil est celui dont la gestion est bien souvent négligée. C’est pourtant celui qui est le plus territorial. Devant sa fragilité et son mode de reproduction si particulier, il est plus que jamais nécessaire d’attacher une grande importance à sa gestion.

Le Chevreuil est un animal magnifique et sa Chasse est tellement passionnante pour qui sait l’apprécier…

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