LE POIDS DES ARMES : LA FAUSSE DIRECTION

Depuis maintenant quelques décennies, nous pouvons constater une forte demande de la part des Chasseurs sur l’allègement des armes. Plusieurs sources sont à l’origine d’une telle demande. Il y a d’une part la pratique de la Chasse en battue très répandue dans l’hexagone et de l’autre les propositions des fabricants ventant les mérites des armes légères dotées de bascules ou boîtiers de culasse en alliage léger, ainsi que la maniabilité des canons courts. S’il est incontestable qu’une arme légère sera toujours moins fatigante à transporter en Chasse d’approche et qu’un canon plus court apporte plus de maniabilité en battue, de tels traitements ne sont pourtant pas sans effets secondaires. Le sujet qui nous intéresse ici pose uniquement sur le poids d’une arme de battue, domaine pour lequel des telles armes ont été conçues. En fait, il ne s’agit pas vraiment de conception, mais plutôt d’une déclinaison d’un modèle existant. La recette est facile : prenez une arme dite standard ou d’affût. Changez la hausse de visée par une bande de battue et enlevez 10 à 15 cm de longueur de canon. Ajoutez  une  pincée de poudre dans un étui magnum pour relever la sauce et vous êtes maintenant en possession de l’appareil idéal du  Top Chef  cynégétique. Enfin, sur le papier car sur le terrain, il en va tout autrement…

« Alors si la recette n’est pas bonne, pourquoi les fabricants les proposent-ils? Et puis moi je connais beaucoup de ces carabines et ça tue ».

Eh bien que cela tue avec un calibre qui au départ est surpuissant par rapport au gibier chassé et si les fabricants les proposent, c’est tout simplement du au fait qu’après avoir lancé ces produits dans un but de nouveauté commerciale, un marché s’est ouvert et tout bon commerçant se doit d’y répondre. La loi du marché est ainsi faite et de nombreux armuriers suivent cette ligne de conduite. Je dis de nombreux car après enquête, il s’est avéré que plusieurs d’entre eux n’étaient pas avares de mises en garde face à ce non-sens balistique. Car de non-sens, il en est bien question ici. Je ne dis pas que les fabricants ont menti en vantant les mérites des canons courts, la maniabilité d’un canon court n’est pas une simple illusion, seulement le gain finalement pas si important que cela a un prix qu’il ne faut pas négliger. Ce prix est même d’autant plus important que l’on tend vers les calibres magnum. En effet un tel calibre s’obtient en employant un étui d’une capacité volumique supérieure, habituellement employé pour un projectile de diamètre supérieur et en rétrécissant le collet jusqu’au diamètre désiré. Ce rétreint de collet impose l’utilisation de poudres plus lentes, ceci afin de rester dans une limite de pression acceptable pour l’arme. Cette lenteur relative nécessite une longueur de canon suffisante pour brûler  la poudre dans sa totalité et dispenser toute l’énergie disponible. L’impressionnante flamme de bouche que l’on peut parfois observer trahit ce gâchis d’énergie. De plus, toute ce qui brûle hors canon nuit grandement à la précision. Pour preuve de la perte d’énergie engendrée par l’emploi d’un canon court, ce commentaire d’un jeune Chasseur de 18 ans qui n’a rien d’un Stalone ou Schwarzenegger et que nous avons fait tirer avec une Sako en 300WM alors qu’il emploi depuis sa première saison ce même calibre dans une Browning Bar semi-automatique : « la vache !… » Seuls les calibres utilisant un étui à faible rétreint et des poudres plus vives acceptent plus facilement un canon de plus faible longueur tout en conservant des performances acceptables tels les 35 Wehlen, 9.3×62, 8x57IS et 30-06. Les magnums à étuis courts communément appelés Short Magnum utilisent également des poudres un peu plus vives et se trouvent de ce fait moins dégradés que les magnum longs. Entre les canons d’épreuves aux côtes et pas de rayures parfaits et les canons aux côtes de tolérances et de moindre longueur de nos armes, il y a parfois un fossé dégradant la vitesse initiale du projectile de plus de 100 m/s. Ce n’est pas rien et toutes les données inscrites sur la boite s’effondrent alors. Vitesse, énergie : on peut tout oublier. Que dire quand on constate aujourd’hui que la vieille Remington sous sa nouvelle mouture,  la 750 synthétic, vendue comme une arme spécial battue avec son poids contenu, sa bande de battue et tout et tout, se contente d’un canon de …47cm ?!!! D’accord, elle n’est pas proposée en 300WM, mais même dans les calibres disponible (35 Wehlen, 30-06 et 280 Rem) c’est bien trop court.

Le bon compromis se situerait plutôt vers les 55/60cm suivant les calibres. J’ai bien dis compromis car ne pouvant bien entendu pas rejoindre l’idéal dans tous les domaines, cette longueur permettrait de conserver des performances acceptables sans dégrader la maniabilité de l’arme. Le poids en serait bien sûr quelque peu augmenté, mais justement, parlons-en du poids. Est-ce vraiment l’ennemi du Chasseur en battue? Comme je l’ai dis tout à l’heure, l’avantage va à l’arme légère lorsqu’il s’agit de la porter des heures durant lors d’une approche, mais ici, le sujet, c’est la battue. Le port de l’arme ne représente que peu de temps sur toute la durée de l’action de Chasse. Le plus important sera donc donné au confort de tir, à la stabilité et à la capacité à reprendre la visée pour un second tir. Sur ce sujet, une cure d’allègement n’est pas sans effets secondaires. Si dans un premier temps, à la montée à l’épaule, une impression de confort semble donner l’avantage à la légèreté, il en va tout autrement au moment du tir. Même avec un calibre standard, le recul est bien plus perceptible qu’avec une arme lourde. Logique me direz-vous, l’énergie se dispense dans les deux sens et dès l’instant où le poids diminue, la force exercée est beaucoup moins absorbée. Et quand cet allègement se cumule avec l’emploi d’un calibre magnum… il en résulte souvent une certaine appréhension (inconsciente ou du moins rarement avouée) avec crispation de la main sur la poignée, ce que certains appellent le « coup de doigt » néfaste à la précision du tir. On aurait pu s’en passer d’autant que la stabilité du swing était déjà mis à mal par l’allègement… « Ah oui, le swing : j’avais pas dit! »  En battue, lors d’un tir en mouvement, il est souvent difficile de stabiliser son swing  sans osciller verticalement et de pouvoir apporter la correction nécessaire au bon placement de sa balle. Une arme plus lourde favorisera grandement cette stabilité qui sera d’autant mieux conservée au moment du tir par l’absorption supplémentaire du recul, ce qui favorisera une reprise de visée beaucoup plus rapide si un second tir s’avère nécessaire. Dans cet exercice, un canon dit « lourd » ou « semi-lourd » apporte un avantage incontestable. Bien sûr que le poids de l’arme va encore en prendre un coup, mais je l’ai déjà dit, tout avantage à ses effets secondaires et dans cet exercice qu’est le tir de battue, la priorité doit aller vers la stabilité et le confort de tir.

« un canon lourd, mais pourquoi faire? c’est fait pour la précision à longue distance et en battue on tire la plupart du temps en sous les 50 m… »

Bien sur que cette précision n’est pas utile ici et elle n’est d’ailleurs pas le but recherché. Je me répète, mais ce que l’on recherche, c’est la stabilité et c’est tout! C’est l’expérience d’un Chasseur hors paire qui nous a orienté vers cette solution. Tous ceux qui consultent régulièrement ce blog ont bien compris de qui il s’agit. Eh oui, encore lui : Franz-Albrecht Oettingen-Spielberg. Sa forte médiatisation à travers les excellents films de chez Hunter’sVidéo nous a ouvert cette nouvelle voie vers les armes lourdes en battue.

Sa SAUER 202 accuse presque 5 kg sur la balance. Excusez du peu… Non ce n’est pas un coup marketing du fabricant. Si le but commercial ne peut être contesté par la mise sur le marché de la série SAUER 202 Wild Boar Fever, cela fait suite à la customisation de l’arme d’un Chasseur exceptionnel et pas l’inverse.

 

Un nouveau marché vient de s’ouvrir, et cette fois, il n’est pas basé sur quelques argument commerciaux des manufacturiers, mais bien sur une recette complète élaborée par un Chasseur de grande expérience dont les résultats sur le terrain  ne sont même pas contestables. Cette recette est finalement assez simple : prenez un mécanisme fiable, dotez-le d’un canon semi-lourd (diam. 19mm) sans organes de visée (pourquoi perturber le champ de vision par des organes inutiles?) et montez le tout sur une crosse bien adaptée à votre morphologie (pas de dos de cochon). Assaisonnez raisonnablement avec un calibre standard (7×64, 8x57IS, 30-06 ou encore 9.3×62…) et vous aurez entre les mains une machine taillée pour la battue. La cerise sur le gâteau sera bien évidemment une optique parfaitement choisie en fonction du biotope. Pour ma part, un viseur point rouge HUNTER de chez AIMPOINT constitue le choix idéal.

Depuis quelques années, il est possible de se procurer des carabines à canon semi-lourd : les Blaser R8, Sauer 202, Tikka T3, Mauser M03, Merkel RX-Helix… Certaines sont même dotées de crosses réglables dérivées des carabines de compétition ce qui représente un avantage certain pour conformer parfaitement son arme à sa morphologie.

 

 

 

A la première occasion, prenez en main une de ces armes anticonformistes.

Pour moi,  le verdict a été sans appel!

 

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